jeudi 30 avril 2015

Belmont le bien nommé

Une bonne heure de voiture après avoir quitté Beyrouth vers le nord et une petite grimpette, nous voilà au pied du monastère de Belmont (Balamand en arabe) construit au XIIème siècle par les cisterciens. 
Cet endroit m'a séduite aussitôt. C'était un soir d'août, encore très chaud. La moiteur beyrouthine derrière nous, nous avons pénétré ce havre de fraîcheur, parfumé des pins environnants. On y donnait un concert ce soir-là. Le célèbre pianiste Abdel Rahman el Bacha enchantait à nouveau son pays natal de son talent.
Je sens encore ces voûtes vieilles de plus de 800 ans vibrer au son d'un Nocturne de Chopin...

Un joli cloître planté d'arbres, une église toute en pierres apparentes et aux voûtes épurées, et désormais ornée d'une belle iconostase.

Les moines orthodoxes qui l'occupent à présent ont su conserver le dénuement cistercien d'origine. On n'a qu'une envie : contempler en silence.

C'est une partie de l'histoire de nos ancêtres qui se trouve là. C'est Citeaux implanté en terre d'Orient et toujours vivant grâce aux orthodoxes. Un mélange envoûtant de vieilles pierres chauffées à blanc, de nature âpre, de psalmodies et de silence.

Ecoutez comme c'est beau !



dimanche 26 avril 2015

Yalla sobhyeh !

Yalla est un des premiers mots que j'ai appris à peine les pieds au Liban. On l'entend à tout bout de champ et sur tous les tons. Yalla yalla pour bouger. Yalla byyyyye pour au revoir. Même la chanson de Dalida "Yalla bena yalla", qui ne la connaît pas ?!
Mais "sobhyeh"... çà, c'est tout un monde !

Une fois les gamins partis à l'école, Mirna (ou Rima ou Zakiyeh...) se poste à la fenêtre : "Ya Zeina ! Ya Jeannooo (Jeanne) ! Venez... Sohbyeh !" Pas besoin de le dire deux fois. Vite, on enfile sa abaya (sorte de djellaba). Cà sent déjà le café dans tout l'immeuble. On s'installe sur le balcon (vue directe sur la rue pour commenter), et c'est parti ! Les ragots, les potins, la maladie du petit dernier, les conseils pour telle recette, pour les boutons de ceci ou cela, pour choisir la bonne manucure, pour retenir son mari à la maison, pour faire les yeux doux au jeune voisin du bout de la rue (pour la fille de Zeina voyons !)... Cà papote, çà rigole, çà se chamaille et çà sirote le café ! 
On finit souvent par retourner la tasse qui dégouline de marc. Celle qui s'y connaît le mieux - ou peut-être qui a le plus d'imagination - lit l'oracle. "Yiiiiiiiiii il y a un homme qui te regarde", "tu vas recevoir de l'argent", "ta voiture te lâche"... etc. Et la célibataire doit absolument appuyer son pouce au fond de la tasse. Elle a évidemment toutes ses chances de trouver un mari puisqu'un bel anneau apparaît sur fond noir. Yalla les filles, c'est pas tout çà, mais faut penser à préparer le déjeuner !

Faut pas croire non plus que sobhyeh est exclusivement féminin. Les hommes aussi se retrouvent autour du sacro-saint café. Cà parle politique, famille, boulot, problèmes de mecs et... des femmes !

Bon ok, on mélange pas les torchons et les serviettes. Mais ce serait beaucoup moins drôle... Le seul hic : je ne peux pas en parler.

A bien écouter ce mot "sobhyeh", j'y entends une aspiration de la première gorgée de café trop chaud. Les lèvres serrées au bord de la tasse, "ssssssssssssobbb". La fin du mot vient toute seule quand la gorgée est avalée. Cà réchauffe le cœur en même temps que le gosier. Cà sent la convivialité à plein nez. Un concentré de Liban dans une tasse quoi !

samedi 25 avril 2015

Un air de là-bas

Une balade sur la corniche. On flâne, on admire le paysage, la Méditerranée à perte de vue. La marmaille joue sur le trottoir. Les jeunes hommes (et les moins jeunes) dévisagent les filles qui passent. On fait le plein de bruit, de conversations, de rires, de coups de klaxon...
- Tu viens ? On va prendre un verre en terrasse.
- Attends ! Ecoute un peu...



mardi 21 avril 2015

Autre histoire de toque...

C'est l'histoire de deux amies d'enfance, plutôt pêchues et pleines d'idées, Maissa et Ghia.
En 2006, vivant à Dubaï, toutes les deux appellent régulièrement maman : "tu peux me dire ce que teta (grand-mère) mettait de particulier dans sa mhallabieh ?" ou bien "çà t'ennuierait de me redonner ta recette de gratin de champignons please ?". Et puis, il faut dire que cette année-là, le Liban n'est pas gâté par les événements (une fois de plus). Alors un peu de ceci (mal du pays) mélangé à un peu de cela (envie de faire un truc constructif), et ce fut le début de la recette ! 

"Recettes de vie", c'est le nom de leurs bouquins de cuisine. Parce qu'en plus des recettes, elles veulent que leur idée crée de la vie. 
D'abord des liens : amis, familles, voisins sont mis à contribution pour partager des recettes ayant fait leurs preuves. Un peu comme lorsqu'on se retrouve à papoter autour de la table de cuisine.
Des dons ensuite : 100 000 $ récoltés après la sortie du premier livre, et distribués à 20 associations dédiées au bien-être de la femme et de l'enfant au Liban et Moyen-Orient (santé, éducation, protection). 
Des recettes du monde entier : du Börek au fromage au gâteau au labneh en passant par le sauté de veau aux olives ou la salade vietnamienne de crevettes et nouilles. Et même le roulé au Nutella de ma copine Corinne !


A signaler quand même que nos deux wonderwomen vont bientôt concourir pour un prix international du livre de cuisine, s'il-vous-plaît... J'en dis pas plus, et on croise les doigts.

Dlebta 
Dès qu'on peut le commander sur Amazon, je saute dessus. C'est pour bientôt paraît-il. Et j'espère y trouver une recette avec les figues de Dlebta, si chères à Ghia...

vendredi 17 avril 2015

Marchons, marchons...

C'est en ce moment, depuis le 3 avril, et c'est "the" randonnée ! 
Pas de meilleur moyen pour connaître un endroit que de le parcourir à pied. Bon, je ne dis pas que c'est facile. Mais le résultat est là !
470 km de sentiers montagneux parcourus en 31 jours... Plus de 75 villes et villages traversés. Une superbe randonnée à la découverte de l'héritage culturel et archéologique du Liban. 
Comme les Chemins de Compostelle, rien qu'un petit bout du chemin est possible. C'est à la carte ! 
Chapeau à l'association Lebanon Mountain Trail (http://www.lebanontrail.org/), organisatrice pour la 7ème année. Et bravo aussi aux participants... Le retour récent du froid les a gâtés !
Promis, je m'inscris bientôt.


jeudi 16 avril 2015

Intro...

Le Liban déborde de témoignages du passé, de paysages qui me prennent aux tripes, de savoirs, de passions, de sourires et de bonnes volontés. Si, si…
Alors oui, toquée du Liban! Sans fausse naïveté ni cynisme, je n’ai aucune envie de m’apitoyer sur les traces d’un passé encore trop récent.
Le Liban a toujours été vivant, il vibre d’idées, d’initiatives, de revendications et de joie de vivre... Et c’est contagieux !
Je veux mettre l’accent sur toute cette énergie : montrer que de belles et bonnes choses font tache d’huile culturellement, socialement, écologiquement…
Tel est l'objectif de mon blog : relayer des informations, montrer ce qui pourrait passer inaperçu mais laisse de jolies traces. J'espère que mes lecteurs seront conquis! 

Phéniciens, Romains, Croisés, Ottomans, Français… ont tous laissé leur patte sur ce petit bout de terre coincé entre mer et montagnes. C’est plein d’Histoire, de culture, de parfums, de bruits. On passe des ruines romaines ou croisées aux caravansérails, des orangeraies aux pinèdes, des petits ports de pêche aux lacs de montagne. C’est aussi le four qui embaume le quartier de son pain tout juste cuit. C’est le balcon de la voisine où çà sent le café partagé avec les copines. C’est le vendeur de colliers de gardénias à l’odeur sucrée. 

C’est tout ce qui me fait aimer ce pays que je vais déposer ici selon mes découvertes, mes rencontres, mes expériences. Un mélange d’idées de visites, d’initiatives pleines d’espoir, de nouveautés et de traditions. Des photos pour voyager. Des clins d’œil à des livres, des films, des magazines ; des liens vers des sites, des blogs, des pages Facebook. Il ne me reste plus qu’à Intégrer les odeurs ; c’est prévu pour quand sur le net ?