dimanche 26 avril 2015

Yalla sobhyeh !

Yalla est un des premiers mots que j'ai appris à peine les pieds au Liban. On l'entend à tout bout de champ et sur tous les tons. Yalla yalla pour bouger. Yalla byyyyye pour au revoir. Même la chanson de Dalida "Yalla bena yalla", qui ne la connaît pas ?!
Mais "sobhyeh"... çà, c'est tout un monde !

Une fois les gamins partis à l'école, Mirna (ou Rima ou Zakiyeh...) se poste à la fenêtre : "Ya Zeina ! Ya Jeannooo (Jeanne) ! Venez... Sohbyeh !" Pas besoin de le dire deux fois. Vite, on enfile sa abaya (sorte de djellaba). Cà sent déjà le café dans tout l'immeuble. On s'installe sur le balcon (vue directe sur la rue pour commenter), et c'est parti ! Les ragots, les potins, la maladie du petit dernier, les conseils pour telle recette, pour les boutons de ceci ou cela, pour choisir la bonne manucure, pour retenir son mari à la maison, pour faire les yeux doux au jeune voisin du bout de la rue (pour la fille de Zeina voyons !)... Cà papote, çà rigole, çà se chamaille et çà sirote le café ! 
On finit souvent par retourner la tasse qui dégouline de marc. Celle qui s'y connaît le mieux - ou peut-être qui a le plus d'imagination - lit l'oracle. "Yiiiiiiiiii il y a un homme qui te regarde", "tu vas recevoir de l'argent", "ta voiture te lâche"... etc. Et la célibataire doit absolument appuyer son pouce au fond de la tasse. Elle a évidemment toutes ses chances de trouver un mari puisqu'un bel anneau apparaît sur fond noir. Yalla les filles, c'est pas tout çà, mais faut penser à préparer le déjeuner !

Faut pas croire non plus que sobhyeh est exclusivement féminin. Les hommes aussi se retrouvent autour du sacro-saint café. Cà parle politique, famille, boulot, problèmes de mecs et... des femmes !

Bon ok, on mélange pas les torchons et les serviettes. Mais ce serait beaucoup moins drôle... Le seul hic : je ne peux pas en parler.

A bien écouter ce mot "sobhyeh", j'y entends une aspiration de la première gorgée de café trop chaud. Les lèvres serrées au bord de la tasse, "ssssssssssssobbb". La fin du mot vient toute seule quand la gorgée est avalée. Cà réchauffe le cœur en même temps que le gosier. Cà sent la convivialité à plein nez. Un concentré de Liban dans une tasse quoi !

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