jeudi 5 novembre 2015

Les terrasses des lupins

Montagne du Chouf
Il y a tout juste deux semaines, je venais de faire l'une de toutes les rencontres formidables de mon séjour libanais... Wow, comment dire, faire sentir ce que je pouvais éprouver à redécouvrir les endroits déjà connus comme Deir el Kamar, mais aussi connaître enfin des lieux et des personnes jusqu'alors inconnus ?
Le seul mot qui me vient à l'esprit n'existe pas : la comblétude !
Il faut dire que ce jour-là, je venais de quitter le beau village du Couvent de la Lune et je rejoignais Joun par la montagne. C'était déjà un bout d'aventure... J'avais appris presque par cœur mon bout de carte entre ces deux points. Beit ed Dine, AÎn Bal, Gharife, Mtoulle, Mazraat ed Dahr. Pas trop fastoche à première vue, mais bon, çà se fait très bien finalement. Surtout quand on se retrouve quasi seule sur la route à 8:00 le matin et que la lumière du soleil encore fraîchement levé se fait caresse sur les oliviers environnants.
Je ne regrette qu'une chose, ne pas m'être arrêtée dans le coin de Mazraat ed Dahr. La route étroite filait, comme suspendue entre deux vallées... une vue...! Que l'on regarde à droite ou à gauche, c'était un panorama époustouflant.
Bon, bon, çà m'aurait presque fait oublier le but de ma jolie promenade matinale. Mais à l'autre bout de Joun m'attendait Jacqueline, l'exquise et étonnante propriétaire de ces fameuses Jlal al Tormos (Terrasses des Lupins). Rien que son nom déjà... tout un programme !


Quelques explications au téléphone, et me voilà descendant lentement un chemin au bout duquel m'accueillait, tout sourire, Jacqueline et ses deux chiens. Si, si, je vous assure, même les chiens avaient l'air de sourire.
Deux heures et demie que je n'ai pas vues filer. Cette grande dame, ancienne de l'AFP, avait déjà une vocation de longue de date lorsqu'elle a enfin acquis ce terrain il y a bientôt 10 ans. 17000m² de terre calcaire, si blanche que les nuits de pleine lune on peut lire sur la terrasse comme en plein jour ! 17000m² de poussière de terre... qu'elle a fertilisés pendant plusieurs années à grands coups d'engrais vert (pour les plus curieux, vous irez chercher ce que c'est. Un sacré boulot !). Tout le monde lui avait déconseillé de réaliser son rêve à cet endroit si sec. Mais elle a réussi ! Au-delà de ce que l'on peut imaginer. Il faut dire qu'elle est déterminée, Jacqueline. 
Feijoas
Papayer
En toute simplicité, elle m'a fait goûter les merveilles de son paradis. A peine les fesses posées sur son canapé, je découvrais, ravie, la saveur surprenante du feijoa, goyavier du Brésil, totalement inconnu au bataillon pour moi jusqu'à cet instant. Et tout en me régalant, j'écoutais avec délice cette femme au parcours hors normes au Liban me raconter comment elle avait fait naître ce coin paradisiaque, les espèces végétales d'un peu partout introduites avec succès ou non, les animaux et leur caractère (l'ânesse intrépide qui donne des coups de pied), la joie d'avoir son propre puits qui offre une eau plus pure que bien des sources... 

J'ai fait un tour rapide, admiré le papayer et les perles rouges du magnolia, dégusté les fruits de l'arbousier, salué les poules rousses (et l'ânesse de loin), respiré le parfum des buissons de jasmin, noyé mon regard dans l'intense couleur du solana, rêvé au-dessus des oliviers et regretté un peu quand même de ne pouvoir contempler les jacarandas en fleurs. 

En quittant les lieux, j'étais non seulement ivre de tout ce concentré de sensations, mais chargée aussi de divers pots, production maison qu'i sont vendues à Beyrtouth (A New Earth à Achrafieh) : confiture de figues, conserve de mûres, zaatar. J'ai même emporté au fond de ma valise quelques noix, mélangées hier à ma salade d'endives, et des noix de macadamia que je laisse tranquillement se détacher de la coquille.



J'ai eu une chance terrible de rencontrer Jacqueline et son trésor... car elle prouve chaque jour, à sa façon, que le désert peut refleurir.



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