jeudi 14 mai 2015

La "danse" du tric trac

Tout comme à Buenos Aires on danse le tango dans la rue, au Liban on y joue au tric trac. Une autre sorte de danse... celle des dés jetés qui roulent... celle des pions qu'on déplace et qui claquent contre le bois du plateau de jeu, tel le bruit des talons frappant le sol au rythme de la musique.

Sur le trottoir ou au café, les hommes se font face dans une joute précise et ancienne. Car c'est au Vème siècle que remonterait l'origine de ce jeu. On en trouve trace dans une épigramme dédiée à l'empereur byzantin Zénon. 

Il existe plusieurs versions de ce jeu qu'on appelle communément "tawle" (table). Pratiqué dans tout le Moyen-Orient, l'influence turque s'entend encore dans les chiffres criés par les joueurs à chaque lancement de dés : yek (un), dü (deux)... ! Encore un exemple du mélange culturel qu'est ce pays.

Cela reste tout de même un jeu populaire et masculin. Le fait d'y jouer dans la rue, ameutant les voisins, les passants... on s'invective, on crie, les coudes sur les dossiers des chaises qu'on a retournées, avec souvent un narguilé et un plateau de café à portée de main. Pas très féminin tout çà... mais bon...

Tout le monde n'adhère pas bien sûr, mais pour un œil extérieur, avide d'authenticité comme le mien, c'est un régal, une curiosité à ne pas louper. Un vrai ballet de sons, d'odeurs, de postures ! 

Aujourd'hui, malgré l'invasion des jeux vidéos, on trouve encore à Beyrouth des cafés où l'on joue au tric trac. Et puis c'est sans compter les "jeddo" (grand-pères) qui transmettent leur savoir à leurs petits-fils... 
Sans l'avoir bien pratiqué, j'ai même appris à y jouer. Alors je suis prête à parier que cette tradition a encore de beaux jours devant elle. 

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